Les créations de Marion sont avant tout destinées à la table.
Elle fabrique de la vaisselle pour des chefs.
La fonctionnalité de ses pièces a pour elle une vraie noblesse.
« J’aime travailler pour les chefs. L'assiette présente le plat.
Elle doit être élégante et humble.
Ma façon de travailler la terre est assez libre.
J'aime la force du geste, j'aime la cadence du travail en série comme une danse.
Je me lance pour 50 ou 100 pièces. Le cerveau est au repos et tout le corps travaille.
C'est physique et méditatif. »
Ma mère disait : « Ce soir on fait une belle table ».
Cela voulait dire c’est la fête…
Je me souviens du tumulte des préparatifs en cuisine.
Choisir les assiettes, les noires du Japon, les faïences du grand-père ou les jaunes de la brocante ?
Dans l’armoire, les piles de nappes nous faisaient hésiter.
Avec mes sœurs nous disposions l’argenterie, les verres en cristal et des bouquets de fleurs du jardin.
Gaiement nous attendions nos invités.
De son enfance, Marion a gardé le goût du beau et des grandes tables.
Elle est formée par deux mentors. Augusto Tozzola qui lui enseigne l’humilité.
Pendant un an elle tourne 7 heures par jour sans cuire une pièce.
Puis auprès de Dauphine Scalbert qui lui apprend les émaux et la discipline rigoureuse de l’atelier.
Marion Graux consacre sa vie à ce métier avec un plaisir évident.
Pour elle, c’est un engagement du corps et de l’esprit.
Elle cherche avant tout la justesse. Chaque forme est mûrement réfléchie et la couleur est travaillée comme une matière.
Elle cherche à exprimer l’essentiel. Pas de geste en trop. La façon dont est fabriquée une pièce lui donne son sens.
Si tous les gestes sont justes, alors l’objet créera une émotion. Marion se voit bien encore fabriquer des assiettes à 90 ans.